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Devant une épidémie grave aucun homme de bonne volonté ne peut rester indifférent. Personne ne peut dire : « Cela ne me regarde pas. Je ne suis pas docteur ! » Même sans être docteur, il y a toujours moyen d’apporter son aide dans la lutte contre l’épidémie.

La liberté d’expression : un défi à relever en RDC.

La liberté d’expression : un défi à relever en RDC.

La liberté de parole est un droit de l’homme fondamental qu’un grand nombre de pays ne reconnaissent pas encore à leurs citoyens. Alors que des régimes à parti unique devinrent des démocraties pluralistes avec l’effondrement du communisme, la reconnaissance du droit à s’exprimer librement ne suivit pas. Beaucoup de gouvernements, quelle que soit leur tendance politique, exercent encore des pressions sur les médias ou les interdisent. En 1995, on a estimé 182 journalistes emprisonnés dans 22 pays pour avoir publié des articles que leur Etat n’acceptait pas. 
La presse et les journaux sont toujours l’un des principaux moyens de transmissions des informations. Souvent, même dans les démocraties, les quotidiens sont contrôlés ou s’autocensurent. Il est en effet indéniable que l’internationalisation de la télévision et de la presse écrite a provoqué des changements extraordinaires. Vous vous souviendrez que lorsqu’un journaliste lui a un jour demandé ce qui avait provoqué l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, Lech Walesa, ancien président de la Pologne, a répondu désignant du doigt un téléviseur : « tout est arrivé par-là ».

La liberté d’expression en RDC

Ici, une seule question mérite d’être posée : la liberté d’expression, fait-elle partie intégrante de la révolution de la modernité ? Au regard des faits sociopolitiques quotidiens, il nous semble que cette composante incontournable de la démocratie, de l’État de droit et de la cohésion nationale ait été oubliée dans le programme d’action du gouvernement congolais. Tout se passe comme si la justice et les services de sécurité de la Troisième République étaient encore nostalgiques du plus fort temps du MPR, Parti-État, qui ne tolérait pas de contradiction et dont la personne du Guide était sacrée. En effet, depuis 2006, tout Congolais honnête est en mesure de citer au moins un journaliste assassiné, un organe de presse fermé ou suspendu, une manifestation pacifique de l’opposition réprimée violemment, des défenseurs des droits de l’homme interpellés ou des citoyens jetés en prison pour leurs opinions. Il arrive même que des Congolais de la diaspora soient arrêtés et détenus sans procès lors de leurs vacances au pays, soupçonnés d’entretenir des relations avec l’opposition dans leurs pays d’accueil, comme si cela était vraiment un crime. « En 16 ans, selon un décompte de l’ONG Journaliste en Danger (JED), une dizaine de journalistes ont été tués en RDC. La plupart exerçaient dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où des groupes armés locaux et étrangers sévissent parfois depuis deux décennies.
La RDC occupe la 151ème place (sur 180 pays) du classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans Frontières. »(Source : LeMonde.fr avec AFP, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/12/27/un-journaliste-assassine-en rdc_4546549_3212.html) 

Ce qui est tout de même troublant, c’est qu’aucun de tous ces assassinats n’a jusqu’à présent jamais été élucidé par la justice pour identifier clairement les criminels et les punir. Les pouvoirs publics ne se sont surtout jamais montrés aussi préoccupés comme on l’a vu dernièrement en France pour défendre la liberté de la presse. Ils en sont au contraire les premiers fossoyeurs.
« La Radio Télévision Lubumbashi Jua (RTLJ), émettant à Lubumbashi (Katanga), est réduite au silence au terme d’un arrêté signé, jeudi 20 novembre, par le directeur de cabinet du ministre des Médias. Il reproche à cette entreprise audiovisuelle, appartenant à Jean-Claude Muyambo, d’«incitation à la haine et à l’insurrection». Les responsables de la RRLJ qualifient cette décision de «politique». Contacté, le ministre Lambert Mende précise que la suspension qui frappe la RTLJ est une mesure conservatoire pour non-respect des dispositions légales de diffusion des entreprises privées du secteur audio-visuel. D’après le ministre des Médias, il appartiendra au Conseil supérieur de l’audio-visuel et de la communication (Csac) de prendre une décision finale. De son côté, le directeur général de la RTLJ, Guelord Mukanya, se dit surpris par cette mesure qu’il qualifie de «politique».Il indique que cela  fait  3 ans que sa maison n’avait jamais changé sa grille de programme et il ne comprend pas pourquoi on les accuse d’incitation à la haine et à l’insurrection. »(Source :Radio-Okapi, 22.11.2014, http://radiookapi.net/actualite/2014/11/22/katanga-la-radio-tele-lubumbashi-jua-interdite-de-diffusion/).

Non seulement que pareille décision, qui s’éternise, ne relève pas des prérogatives du ministre de la Communication et des Médias, mais jusqu’à ce jour, le Conseil supérieur de l’audiovisuel ou la justice ne se sont jamais prononcés pour dire, hors de tout doute raisonnable, ce qui est vraiment reproché à cet organe de presse. Un autre cas qui choque les consciences est celui d’un ancien député du PPRD, actuellement en détention, poursuivi par le Procureur général de la République pour avoir émis son opinion sur un sujet d’actualité.

« D’après un communiqué publié par l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), le Parquet général de la République poursuit cet ancien député pour avoir fait une déclaration à travers certains médias de Lubumbashi dans laquelle il s’opposait à la révision constitutionnelle. Il lui est aussi reproché, selon la même association, d’avoir déclaré être favorable à la candidature du gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, à l’élection présidentielle de 2016.
L’Acaj dénonce cette arrestation qu’elle qualifie d’arbitraire. Elle exige la libération sans condition de Vano Kalembe et l’ouverture d’une enquête indépendante à ce sujet.

Dans son communiqué, cette ONG des droits de l’homme condamne également les menaces et intimidations dont font l’objet actuellement plusieurs personnes qui s’opposent à la révision constitutionnelle en RDC. Elle demande au chef de l’État de faire cesser toutes ces menaces. » (Source : Radio Okapi : 30 .12.2014, http://radiookapi.net/actualite/2014/12/30/rdc-lancien-depute-pprd-vano-kiboko-aux-arrets/) 

Pour rappel, le débat sur la révision de la Constitution avait été pompeusement ouvert par le Secrétaire général du PPRD en personne, qui avait publié le 19 juin 2013 un livre intitulé ‘’ Entre révision de la constitution et l’inanition de la nation’’. Point n’est besoin non-plus de rappeler que plusieurs personnes du camp du pouvoir s’étaient prononcées, jusqu’à initier des pétitions, en faveur d’un troisième mandat (non prévu par la constitution) du président sortant. D’où vient alors que tout son de cloche contraire soit érigé en infraction d’incitation à la haine et à l’insurrection pour justifier l’arrestation et la détention de ses auteurs? A moins d’avouer que le pouvoir judiciaire n’est pas encore indépendant malgré plusieurs textes de lois qui l’affirment, ces poursuites judiciaires procèdent d’un zèle et sont simplement honteuses pour un pays qui s’autoproclame « démocratique ». 

Source
Liberté d’expression : Par Jean-Bosco Kongolo, Juriste&Criminologue, CA N A DA


 

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