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Devant une épidémie grave aucun homme de bonne volonté ne peut rester indifférent. Personne ne peut dire : « Cela ne me regarde pas. Je ne suis pas docteur ! » Même sans être docteur, il y a toujours moyen d’apporter son aide dans la lutte contre l’épidémie.

L’intégration de la sensibilité aux conflits dans la mise en œuvre des programmes et la consolidation de la paix au sein de la Caritas-Développement Goma.

L’intégration de la sensibilité aux conflits dans la mise en œuvre des programmes et la consolidation de la paix au sein de la Caritas-Développement Goma.


Plusieurs normes régissent l’action des humanitaires, afin d’assurer un certain standard de qualité et le respect d’une certaine éthique dans la façon dont l’aide est mise en œuvre. Ces normes reprennent différents principes fondamentaux que les humanitaires s’engagent à suivre lorsqu’ils interviennent. Ainsi, par exemple, la 3ème norme du projet Sphère encourage à « évaluer les inquiétudes actuelles et potentielles en matière de sécurité pour les personnes touchées par la catastrophe, y compris la potentialité d’une intervention à exacerber un conflit ou créer des tensions entre les populations touchées et d’accueil ». Cependant, la sensibilité aux conflits est plus complexe que le simple respect de ces normes : pour être sensible aux conflits, il est important de systématiser un certain nombre d’étapes au cours du cycle de projet. Et à présent, le contexte est dynamique et l’environnement dans la plupart a un impact négatif sur les projets exécutés par la Caritas -Développement Goma. Les crises sont multiformes dans toute zone d’intervention et chaque crise a ses particularités qui demandent d’être cernées et mérite une analyse spécifique afin que notre réponse soit appropriée et au besoin soit continuellement réajustée.

Cette thématique a été au centre d’un atelier de formation de 4 jours à Goma, à l'Est de la République Démocratique du Congo, avec une grande interaction et échanges bénéfiques des participants.

Même si l’aide n’est pas toujours de contribuer à un changement structurel du contexte des conflits, elle devrait tout de même être sensible aux conflits pour éviter d’avoir un impact négatif de par ses propres interventions. En tirant la conclusion, ne pas fournir de l'aide serait cynique et moralement intenable a retorqué Bienfait MUHIGIRWA, Expert en Peace Building et Management des projets et principal facilitateur de l’atelier tenu du 14 au 17 novembre 2017.
En reconnaissance de ce délicat équilibre que l'aide humanitaire doit maintenir en situation de conflits, le principe d’innocuité ‘aussi connu comme principe de « primum nocere » ou « Do No Harm : (Ne pas nuire en français) » ; Créé en 1994 par un nombre d'organisations d'aide humanitaire, de représentants de la communauté de donateurs et d'organisations des Nations Unies, permet d’identifier et de palier aux conséquences négatives involontaires des actions d’aide humanitaire au sein de la communauté. Il permet donc aux acteurs communautaires de s’assurer de la prise en compte des mesures efficaces pour limiter les risques lors de différentes interventions à caractères humanitaires.

Assis sous forme d’une perspective linaire semi ouverte, une trentaine d’agents de la Caritas-Développement Goma, tous départements confondus, se sont livrés à une série d’exercices de simulation et séance de réflexion collective. Ainsi, trois candidats se sont portés volontaires pour être soumis à un exercice de déchirer un papier en petits morceaux. Le gagnant devrait être celui qui à l’aide d’un scotch, serait en mesure de restituer au papier son état initial en rassemblant dans un minimum de temps possible les petits morceaux déchirés. Une tâche difficile pour Yvette INGABIRE, Guillaume LUBANGA et Yvonne BAMBANZE, les 3 volontaires. L’exercice de recollage a pris plus de 10 minutes. On pouvait facilement voir Yvette, tenter de recoller difficilement les morceaux de papiers aussi rapidement que Guillaume et Yvonne. Un moment qui a provoqué l’attention de tout l’auditoire. 

La leçon apprise et tirée de cet exercice est que : « Il est facile d’entrer en conflit avec quelqu’un ou la communauté, mais toujours difficile de réparer les dégâts » a lancé Didier AMANI SANGARA, l’un des participants, d’un air amusé.
Le principe « Do No Harm » s’intéresse tout particulièrement aux conséquences non-intentionnelles négatives de l’intervention extérieure. C’est en proposant une matrice d’analyse du contexte, que l’on parvient à identifier notamment les aspects porteurs d’un impact négatif à un projet, lors de sa conception ou en cours de sa mise en œuvre, en proposant alors un travail sur les options disponibles pour pallier aux difficultés identifiées et maximiser l’impact positif. 

D’où, la sensibilité aux conflits évite ce type de situation. Raison pour laquelle, il est recommandé à toute organisation humanitaire de :  
    Etudier le contexte de la zone dans laquelle elle opère. Cela suppose une analyse de la zone où le projet doit être exécuté, avoir une connaissance de la communauté bénéficiaire ? Etre informé sur leurs us et coutumes, leurs relations de pouvoir, connaitre les vecteurs de cohésion sociales, leur l’histoire et les ressources disponibles localement et avec identifier leurs besoins. 
    Analyser la cohérence entre les activités planifiées et le contexte ; 
    Faire un travail de réflexion et de révision du projet afin de minimiser les impacts négatifs et augmenter les impacts positifs. 
De plus, la sensibilité au conflit est une attitude et un aspect transversal, qui doit être pris en compte dans toutes étapes de la durée d’un projet.

Les éléments qui divisent doivent être traités pour atténuer les tensions, alors que les éléments connecteurs doivent être utilisés comme appui lors de la mise en œuvre des projets. 
Au quatrième jour, les candidats ont été soumis à un test collectif sur l’analyse du conflit en servant d’un outil capital « l’arbre à conflits ». Lequel outil a été apprécié par l’ensemble des participants comme cela ressort du témoignage satisfaisant de Mr Guillaume LUBANGA à la sortie de l’atelier au micro de la cellule de Communication de la Caritas-Développement Goma.

Les actions humanitaires pouvant avoir d’impacts positifs ou négatifs sur un projet ; cette formation a doté les participant des connaissances pouvant les aider à identifier les effets qui aggravent et prolongent, ou qui au contraire diminuent et abrègent les conflits qui existent au sein de la communauté cible ou bénéficiaire que nous désirons aider. 

Didier AMANI SANGARA
MEAL Officer, Caritas-Développement Goma
 

 

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